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Rose Valland - Historienne de l'Art

Rose Valland est née le 1er novembre 1898 à Saint Etienne de Saint Geoirs (Isère) dans un milieu modeste. Elle eut une formation complète, quoiqu'assez atypique, en trois périodes successives de sept ans : d'abord les Beaux Arts à Lyon puis à Paris (1918-1925), ensuite un cursus académique complet à l'Ecole du Louvre et à l'Institut d'Art et d'Archéologie de l'Université de Paris (1924-1932), enfin une formation concrète comme assistante, bénévole puis rémunérée, au Musée des Ecoles Etrangères contemporaines, situé au Jeu de Paume sur la terrasse des Tuileries (1932-1940). Cette formation à la fois théorique et pratique lui donnera une grande capacité d'adaptation dans les situations qu'elle aura à gérer. En septembre 1938, puis en août 1939, elle prenait une part active à la mise en condition de guerre du Jeu de Paume, un tiers des collections est envoyé à Chambord, les deux tiers restants sont entreposés dans les sous-sols.

Au moment de l'entrée des Allemands dans Paris, Rose Valland se trouve seule au Jeu de Paume et, dès le début du mois d'octobre 1940, le bâtiment est réquisitionné par les nazis pour y installer l'Einzastab Reichleiter Rosenberg (ERR), le très secret service chargé de la spoliation des collections juives. Rose Valland, servie en partie par son physique passe-partout et inoffensif, joue l'imbécile et reste sur place : "Mon intention était arrêtée, je m'efforcerais de rester [...]. Je ne comprenais pas encore très nettement les raisons qui me poussaient à cette décision, ni de quelle manière je pourrais être utile et justifier ma présence [...]. Seule était précise ma détermination de ne pas quitter la place", Rose Valland va ainsi se maintenir pendant les quatre années de l'occupation, notant soigneusement tout ce qu'elle voyait, empruntant des documents le soir qu'elle faisait photographier la nuit et remettait le matin sans que personne ne s'en rende compte, récupérant et analysant les carbones laissés dans les corbeilles du secrétariat, etc. Elle faisait un rapport écrit hebdomadaire de ses observations au directeur des musées nationaux, Jacques Jaujard. Son allure de "grande fille toute simple", sa docilité lui permettent de circuler et d'obtenir notamment, grâce au service photographique de l'ERR sur place, les photographies de tous les membres de l'ERR. Le plus souvent installée modestement dans le petit bureau où était le téléphone, et parlant l'allemand, elle suivait les conversations, etc. Elle put ainsi établir la nomenclature des codes secrets sous lesquels les collections juives étaient répertoriées, ainsi que la liste des entrepôts en Allemagne, etc. Mise à la porte plusieurs fois car sa présence gênait, elle revenait le lendemain avec un aplomb extraordinaire et reprenait sa place comme si elle n'avait pas compris. C'est elle qui donna toutes les indications nécessaires pour stopper, au milieu du mois d'août 1944, en gare d'Aulnay sous Bois, le dernier train d'œuvres d'art spoliées par l'ERR.
Son travail fut extrêmement utile car sans elle personne n'aurait su avec précision ce que les Allemands faisaient au Jeu de Paume, ni l'administration française, ni les Américains. James Rorimer écrira à ce sujet : "La personne qui, plus que quiconque, nous a permis de suivre la trace des pillards nazis et de prendre conscience de l'ensemble de la situation fut Mademoiselle Rose Valland, une experte rude, obstinée et réfléchie [...]. Son dévouement sans borne à l'art français n'avait laissé chez elle aucune place pour la peur". Quand la Commission de Récupération artistique est créée, le 24 novembre 1944, pour récupérer en Allemagne les oeuvres d'art enlevées et les restituer à leurs légitimes propriétaires, Rose Valland se voit attribuer le poste de Secrétaire.
Entre la Libération de Paris, le 26 août 1944, et son départ pour l'Allemagne, le 11 mai 1945, passent huit mois qu'elle utilise au classement des documents subsistants de l'ERR, à l'inventaire et à la restitution des oeuvres du train d'Aulnay, etc. et à des contacts divers. Nommée capitaine de l'armée française et envoyée dans la Zone d'occupation française (Bade Wurtemberg), elle rejoint la Zone d'occupation américaine (Bavière) où se trouvent la plupart des dépôts de l'ERR. Dès cette époque, en liaison avec les officiers "Beaux Arts" de la 3e et la 7e armées américaines, elle s'occupe des premiers convois (convois de Füssen) de rapatriement des oeuvres d'art spoliées.
Elle participe également à certaines réunions qui permettent aux quatre vainqueurs de l'Allemagne d'établir juridiquement les processus de Restitution d'œuvres d'art (Conseil de contrôle à Berlin). Elle assistera, le 6 février 1946, à la 52e séance du procès de Nuremberg sur les pillages et spoliations nazis.
Rose Valland montra toujours une très grande clairvoyance et ne voulut à aucun moment profiter de la situation, elle tint à rester dans une parfaite transparence et légalité, ainsi on peut dire sans conteste que la Récupération artistique française fut propre, respectant scrupuleusement les règles définies. Elle passera en Allemagne sept années exténuantes, missions, enquêtes, rapports, négociations, etc, mais fructueuses, permettant le retour en France de plus de 60.000 oeuvres d'art. Son indépendance d'action, condition nécessaire au succès de l'entreprise, irrita sa hiérarchie et notamment Raymond Schmitlein et son statut administratif fut toujours l'objet de remises en question, d'atermoiements. Cependant Rose Valland garda le cap, sans moyens réels de pression, elle obtint des restitutions importantes ; dans bien des cas sa présence est déterminante, profondément respectée de ses interlocuteurs, elle se bat sans défaillance pour que la justice soit faite. Elle met son administration en garde contre la fin prématurée des restitutions, qui signifierait pour la France, principal pays spolié et pillé, l'abandon des "reliquats" des collections nazies. Elle est très attachée au concept de "Réparation", défini par le Conseil de contrôle de Berlin en 1945, qui consiste à attribuer aux pays victimes de l'Allemagne nazie en compensation des oeuvres innombrables détruites ou perdues, les oeuvres achetées sur leurs territoires respectifs, sous forme de transactions légales, pendant l'occupation par les hiérarques nazis et les institutionnels allemands. Elle dénonce sévèrement l'attitude sournoise de l'Autriche, qui sera mise en lumière et condamnée effectivement quarante ans plus tard (1994).
Pourtant, dès le début, Rose Valland avait vu juste. Albert Henraux, Président de la Commission de Récupération artistique fut pour elle un soutien, il écrit le 21 avril 1949 : "Je crois pour ma part que Melle Valland agit d'une façon habile entre les deux parties, c'est à dire les Américains et les Allemands, et il me semble qu'on ne puisse guère procéder autrement". Le capitaine français Elie Doubinsky qui fut chargé d'un rapport général sur les restitutions, lui écrira le 5 avril 1951 : "La grande chance des restitutions artistiques françaises [...] est que vous ayez pris l'affaire en main dès le début. Grâce à la documentation unique que vous avez constituée au Jeu de Paume, au péril de votre vie, durant les quatre années de l'occupation, vous avez été en situation de révéler à nos Alliés, au fur et à mesure de leur avancée, les localisations des principaux dépôts. Ils ont été ainsi en mesure de prendre immédiatement les mesures de sauvegarde indispensables".
Pour Rose Valland la dimension symbolique de la Réparation allemande était aussi importante que les restitutions elles-mêmes, il s'agissait pour elle sans conteste d'un acte juste de Réconciliation franco-allemande qu'il fallait conduire jusqu'au bout. Elle écrit en 1951 au docteur von Bock : "Vous me connaissez assez pour savoir que je ne soutiendrai aucune réclamation qui ne me paraîtrait pas conforme au bon droit. J'aime trop mon pays pour l'entraîner dans une aventure qui ne paraîtrait pas conforme au bon droit. Je me suis efforcée de convaincre les uns et les autres de travailler solidairement, c'était avantageux pour la poursuite de nos restitutions, mais c'était aussi pour vous installer sur un plan européen et vous faire participer au bénéfice d'une activité responsable où les Allemands s'efforceront de réparer les "torts hitlériens"".
Après son retour en France elle continua à s'occuper de ces questions jusqu'à son départ en retraite en 1967.
Rose Valland est décédée le 18 juillet 1980 à Paris.

Décorations :
Officier de la Légion d'honneur, Médaille de la Résistance, Medall of Freedom américaine et Mérite de la République Fédérale d'Allemagne.

Carte d'élève Ecole Nationale des Beaux-Arts de Lyon de Rose Valland 1922

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Rose Valland, André Dezarrois (conservateur du musée) et un gardien du Musée du Jeu de Paume en 1935.

Le photographie ci-dessus, prise en 1935 par un auteur inconnu, est intéressante. Elle montre Rose Valland et son directeur de l’époque préparant minutieusement une exposition sur l’Art italien des XIXe et XXe siècles. Sur cette photographie, Rose Valland regarde l'objectif avec de la volonté, de la détermination. On y observe de nombreuses œuvres : la statue II Puro Folle d'Adalfo Wildt (1868- 1931), sur le socle de laquelle s’appuie Rose. Mais aussi l'Autoportrait de Felice Carena (1880-1966) que regarde André Dézarrois. Ces œuvres de grande valeur sont, au même moment, jugées comme étant « dégénérées » par les nazis en Allemagne.

 

L'art dégénéré, (de l'allemand : Entarte kunst) était un genre inventé de toutes pièces qui permettait au régime nazi d'interdire l'art « moderne » pour mettre en avant l'art classique. L'art classique, c’est-à-dire inspiré de l’art antique, symbolisait la pureté de la race. Mais pour Hitler et les nazis, les peintres modernes (expressionnistes, surréalistes, cubistes, etc.) étaient des peintres inférieurs, présentés comme des malades mentaux au service de l’URSS ou des juifs.  

 

La photographie ci-dessus montre donc que Rose Valland, avant la Seconde guerre mondiale, était passionnée par une forme d’art que les nazis détestaient. Ce qui explique en partie son action résistante.

 

 

Rose Valland résistante

          

        En septembre 1939, l’Allemagne envahit la Pologne. Jacques Jaujard, qui est alors sous-directeur des musées nationaux, craint les bombardements allemands sur Paris, et des destructions d’œuvre d’art. S’il fait mettre les collections du Louvre à l’abri hors de la capitale, il demande à Rose Valland, qui gère seule le Jeu de Paume depuis 1938, de placer les œuvres de son petit musée dans son sous-sol.

 

         Le destin de Rose Valland bascule en 1940 quand le Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg (ERR), commandé par le colonel Kurt von Behr, s’installe à Paris. Ce service culturel nazi veut confisquer toutes les collections d’art juives, ainsi que celles des adversaires du Reich se trouvant en France. L’ERR cherche un lieu de stockage pour stocker les œuvres volées aux Juifs français : Jacques Jaujard est obligé de leur donner ce qu’ils veulent. Ce sera le Musée du Jeu de Paume, où l’ERR s’installe en octobre.

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Le colonel von Behr fait visiter les locaux du Musée du Jeu de Paume à un officier allemand (Crédits : Bundesarchiv)

Le 1er novembre 1940, Jacques Jaujard donne l’ordre à Rose Valland de rester à tout prix au musée du Jeu de Paume. Il compte sur elle pour faire l’inventaire de toutes les œuvres d’art volées par les nazis qui y passent, pour ensuite être envoyées en Allemagne. Il s’agit de « spoliation » (c’est-à-dire de l'appropriation volontaire et réfléchie des biens d'autrui). Les œuvres d’art confisquées sont donc d’abord concentrées au Jeu de Paume, où elles sont triées. Puis certaines sont envoyées en Allemagne, ou récupérées personnellement par des nazis hauts-placés, comme Goering.

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Des œuvres d’art volées, après être passées au Musée du Jeu de Paume, sont envoyées par train en Allemagne (1943) http://rosevalland.eu/).

C’est là que débute l’action résistante de Rose Valland. Elle note tout ce qu’elle peut, en sténographie, sur les milliers d’œuvres d’art qui passent par le Musée du Jeu de Paume. Son objectif est de pouvoir garder la trace de ses œuvres, et de permettre de les retrouver lorsque l’Europe sera libérée des nazis. Elle fait aussi passer des rapports réguliers à Jacques Jaujard. Elle devient une vraie espionne : elle sait parler allemand mais fait croire qu’elle ne comprend pas cette langue pour que les officiers nazis ne se méfient pas d’elle.

 

       Dans un livre qu’elle a publié plus tard, Le Front de l'art (Défense des collections françaises, 1939-1945), elle écrit : « Tout ce que je voyais et entendais finissait par constituer dans le fichier de ma mémoire et de mes notes, une importante réserve, d’après laquelle je m’efforçais de connaître autant que possible les opérations et les projets de l’E.R.R. Tout était à surveiller et à retenir car on ne sait jamais sur le moment le détail qui comptera plus tard ». Voici un extrait des notes que Rose Valland a prises pendant la Seconde Guerre mondiale.

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Notes en sténographie de Rose Valland prises en 1940

Les nombreuses notes qu’elle a prise sur les œuvres volées ont permis plus tard la restitution d'un très grand nombre d’œuvres d'art.  Mais elle a pris de grands risques pour y arriver. Elle a été surprise plusieurs fois, et même renvoyée quatre fois. Elle a subi des pressions, des menaces de mort. Mais malgré tout, elle s’est maintenue au Musée du Jeu de Paume et a mené sa mission à bien jusqu’au bout. Elle assiste durant toutes ces années à différents événements marquants, qui se trouvent tous dans les notes manuscrites qu’elle a pu écrire et que l’on appelle « les carnets de Rose Valland ». Ces carnets appartiennent aujourd’hui aux archives des musées nationaux.

            

Le 3 décembre 1941, Rose Valland note ainsi : « Visite du Maréchal Goering au Jeu de Paume le 2 décembre 1941. Visite de l'exposition des des œuvres d'art des collections juives expropriées. Aucun Français n'est admis à séjourner au Musée pendant ces visites. Goering emportera demain, dans son train particulier les statues provenant de l'hôtel Edouard de Rothschild […] et une cinquantaine de tableaux […]. Ce sont des tableaux impressionnistes appartenant à la Collection Rosenberg ».

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Goering (assis, à gauche) au Jeu de Paume le 2 décembre 1941, choisissant des tableaux volés pour sa collection personnelle

(crédits : Archives des Musées Nationaux).

On peut lire aussi, par exemple, sur la fiche du 28 novembre 1942 : « Il est parti du Jeu de paume le 29 octobre un envoi donnant l’impression dans son ensemble de fournitures d’ameublement. Le tout expédié à l’adresse suivante… ». 

 

Le 23 juillet 1943, elle assiste à une destruction d’œuvres d’art. Elle ne peut rien faire : « Les tableaux massacrés au séquestre du Louvre ont été ramenés au Jeu de Paume. Cinq à six cents ont été brûlés sous la surveillance allemande dans le jardin du musée de 11 h à 15 h… Impossible de rien sauver ! » 

 

Rose Valland après la Seconde Guerre mondiale

 

         L’action résistante de Rose Valland ne s’arrête pas avec la guerre. Au contraire. Toutes les notes qu’elle a prises sur plus de 21.000 œuvres d’art doivent servir à retrouver les tableaux et sculptures volés.

 

Rose se rapproche des Alliés dès 1944. Elle leur indique où se trouvent les dépôts d’art, pour qu’ils soient épargnés par les bombardements. Elle leur indique aussi l’existence du train-musée 40044, pour que les Alliés récupèrent les 148 caisses qui s’y trouvent. 

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La résistance française poussant un des wagons du train 40044 en 1944 pour l’empêcher de partir vers l’Allemagne avec ses œuvres volées.

Surtout, après la guerre, elle participe à la récupération des œuvres volées. Beaucoup sont retrouvés grâce aux notes clandestine que Rose Valland qu'elle a pu prendre durant la guerre. Grâce à ces notes données à James Rorimer, le chef de la « Section américaine des spécialistes de la conservation », aussi appelés les « Monuments Men », les Américains ont eu connaissance des différents lieux où avaient été entreposées les œuvres confisquées. Grâce à elle, les hommes de Rorimer se rendent au château de Neuschwanstein, en Bavière, où la plupart des œuvres confisquées ont été déplacées par les Allemands.

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Des soldats américains récupèrent des tableaux volés au Château de Neuschwanstein. Le Lieutenant Rorimer se trouve au centre, un carnet à la main (mai 1945 – Getty Images)

Rose Valland veut agir directement pour aider les Alliés à récupérer ce qui a été volé. En 1945, elle devient lieutenant « officier Beaux-Arts » et part enquêter dans la zone française d'occupation en Allemagne, pour identifier les biens qui s’y trouvent.

 

          En 1947, elle est nommée au « centre de collecte » pour la récupération artistique en Allemagne, et se rend dans toutes les zones d'occupation, même en zone soviétique où elle réalise des missions d'espionnage pour la France. Au péril de sa vie, elle en ramène de nombreuses œuvres, pour pouvoir les protéger de la Guerre froide qui s’annonce.

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Rose Valland, à gauche, pose en uniforme de Lieutenant au « centre de collecte » des œuvres volées, à Wiesbaden, en Allemagne (1947)

Il faut savoir que Rose Valland a, pour son action résistante, inspiré deux films. D’abord Le Train, réalisé en  1964 par John Frankenheimer, qui raconte comment Rose Valland a aidé à ce que le train-musée 40044 n’arrive jamais en Allemagne. Et le film des Monuments Men, réalisé par Georges Clooney en 2014, qui suit l’action des hommes de James Rorimer et dans lequel Rose Valland est jouée par Cate Blanchett.

Si Rose Valland prend sa retraite en 1968, elle continue de travailler jusqu’à sa mort en 1980 à la restitution des œuvres qu’elle a vues passer au Musée du Jeu de Paume.

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Rose Valland dans la « Salle des martyrs » du musée du Jeu de Paume

Rose Valland se trouve dans la « salle des martyrs » du Musée du Jeu de Paume. C’est ainsi que les nazis eux-mêmes appelaient cette salle dans laquelle ils regroupaient les peintures d’art moderne volées aux Juifs. Leur but était d’échanger ces peintures « dégénérées » contre des œuvres d’art classique. Autrement dit, ici, Rose Valland se trouve devant les peintures qu’elle protégeait. Voici une autre photographie  de la même pièce, en meilleure qualité.

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La "salle des martyrs" au Musée du Jeu de Paume, entre 1940 et 1944 (source : CNAC)

Rose Valland a reçu, pour son travail et son action de résistante, de nombreuses décorations françaises et étrangères : la « Légion d'honneur », mais aussi la « Médaille de la résistance ». Les États-Unis lui ont remis la « Médaille de la liberté ». 

 

  En 2005, une plaque commémorative à son nom a été posée sur la façade du Jeu de paume au jardin des Tuileries.

 

Ces hommages montrent que Rose Valland fut une grande résistante. En résistant par l’art, elle est même devenue aujourd’hui un exemple pour les personnes chargées de protéger le patrimoine artistique en France et à l’étranger. 

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Plaque en hommage à la résistante Rose Valland, située sur la façade du musée du Jeu de Paume, jardin des Tuileries, Paris Ier (Commémoration le lundi 1er décembre 2014)

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Rose Valland, la résistante qui a permis de récupérer 60 000 œuvres d'art volées par les nazis

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Rose Valland : un destin oublié

En écrivant sur Rose Valland, la sénatrice Corinne Bouchoux était loin d'imaginer son livre porté à l'écran. C'est pourtant chose faite avec le film "Monuments Men".

 

Un coup de fil d’Hollywood

En 2006, en effet, son ouvrage "Rose Valland, la résistance au musée" sort dans une relative discrétion. Le livre est imprimé à seulement 2 000 exemplaires. "Après des années de recherches, j’étais très contente de l’avoir publié. Mais ensuite, j'ai estimé qu'une page de ma vie s’était tournée et je ne m’en suis plus occupée. On me sollicitait juste pour des conférences", raconte Corinne Bouchoux, interviewée par FRANCE 24 dans son petit bureau du Sénat . "Mais un jour, il y a un peu plus de cinq ans, un monsieur avec un fort accent américain m’a appelée pour me dire qu’il voulait racheter les droits de mon livre pour en faire un film à Hollywood."

Incrédule, la sénatrice croit d'abord à une plaisanterie. Mais au bout du fil, son interlocuteur est des plus sérieux : Robert Edsel est un ancien homme d’affaires texan reconverti dans l’histoire de l’art. Passionné par la Seconde Guerre mondiale, ce riche américain a regroupé dans un livre, aujourd’hui porté à l’écran par Georges Clooney, les mémoires des Monuments Men, ces soldats alliés chargés de récupérer les œuvres d’art volées par les nazis. "Il s’est aperçu qu’en France, il y avait eu très peu de recherches sur ce sujet. Il a juste trouvé mon livre sur Rose Valland, précise Corinne Bouchoux. Il a fait un chèque de 7 500 euros à mon éditeur pour racheter les droits. Il l’a fait traduire et il le vend même aujourd’hui sur son site comme un produit dérivé du film".

Monuments Men (2014)

De George Clooney

Par George Clooney, Grant Heslov

Avec George Clooney, Matt Damon, Bill Murray

Titre original The Monuments Men

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Les BD

Une mort discrète et un hommage tardif
 

Rose Valland prend sa retraite en 1968, mais poursuit le classement d'une partie des archives liées à son travail. Elle est « bénévole » entre 1968 et 1978, non sans agacer parfois son autorité de tutelle, à cause de sa détermination à poursuivre ses enquêtes.

Discrète sur sa résistance, Rose Valland l'est aussi sur sa vie privée. Il reste ainsi peu de traces de son compagnonnage avec Joyce Heer (1911-1977) qui travaillait comme secrétaire. La proximité affective des deux femmes ne fait aucun doute, même si leur correspondance privée a disparu.

Léon Christophe, un ami proche de Rose Valland, confirme que Rose est très affectée par la mort de son amie en 1977. Elle ne téléphone plus, et c'est lui qui l'appelle pour prendre de ses nouvelles. La préface de la thèse de Joyce, rédigée par son directeur de thèse, sur le philosophe voyageur Pausanias révèle en 1979 le long compagnonnage des deux femmes.

Rose Valland meurt peu après, le 18 septembre 1980, dans un « mouroir » de Ris-Orangis (Essone) d'après un proche. Rose Valland se fait enterrer à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs, son village natal, aux côtés de Joyce Heer. Dans la plus grande intimité, une messe est célébrée un mois plus tard.

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Pierre tombale de Rose Valland (Saint-Etienne de Saint-Geoirs), Françoise Flamant, 2000, 10 x 13 (cm), collection particulière, © Françoise Flamant. 

Une mort discrète et un hommage tardif
 

Rose Valland prend sa retraite en 1968, mais poursuit le classement d'une partie des archives liées à son travail. Elle est « bénévole » entre 1968 et 1978, non sans agacer parfois son autorité de tutelle, à cause de sa détermination à poursuivre ses enquêtes.

Discrète sur sa résistance, Rose Valland l'est aussi sur sa vie privée. Il reste ainsi peu de traces de son compagnonnage avec Joyce Heer (1911-1977) qui travaillait comme secrétaire. La proximité affective des deux femmes ne fait aucun doute, même si leur correspondance privée a disparu.

Léon Christophe, un ami proche de Rose Valland, confirme que Rose est très affectée par la mort de son amie en 1977. Elle ne téléphone plus, et c'est lui qui l'appelle pour prendre de ses nouvelles. La préface de la thèse de Joyce, rédigée par son directeur de thèse, sur le philosophe voyageur Pausanias révèle en 1979 le long compagnonnage des deux femmes.

Rose Valland meurt peu après, le 18 septembre 1980, dans un « mouroir » de Ris-Orangis (Essone) d'après un proche. Rose Valland se fait enterrer à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs, son village natal, aux côtés de Joyce Heer. Dans la plus grande intimité, une messe est célébrée un mois plus tard.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Léon Christophe et Rose Valland

L'amitié de Rose Valland pour Léon Christophe est soulignée par la correspondance entre les deux individus. En 1975, Rose Valland répond à Léon Christophe qui lui a écrit une lettre à la suite de l'émission de télévision « Les dossiers de l'écran ». Elle invite son ami Léon Christophe  à déjeuner : « J'aurais voulu vous demander si dans quelques temps, (..) vous ne pourriez pas nous faire le plaisir de revenir déjeuner dans ce quartier ? Est-ce que cela ennuierait votre épouse de se joindre à nous ? » (extrait de la lettre de Rose Valland à Léon Christophe, 10 avril 1975).

Une vidéo amateur donne une interview de Léon Christophe, qui vivait à Brunoy (91). Il est l'un des rares à mentionner Joyce. Il reconnaissait que Rose était peu causante et réservée sur sa vie personnelle et il lui a parlé deux mois avant sa mort.

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Joyce Heer, anonyme, 20e siècle, photographie noir et blanc.

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