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Dian Fossey, la scientifique qui a changé notre regard sur les gorilles

LA pionnière de la protection animale

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Dian Fossey veille sur Pucker Puss, un gorille de montagne femelle âgé de deux ans, et Coco, un mâle de 16 mois, dans la jungle du parc national des volcans, au Rwanda. Elle a soigné les deux gorilles jusqu'à ce qu'ils recouvrent la santé suite au massacre de leur famille par des braconniers.

Dian Fossey tenait méticuleusement un registre sur la santé, les relations et les activités de chaque gorille. En 1972, elle remarque que son gorille favori, répondant au nom de Digit, commence à l'approcher pour jouer avec elle. « Il vient désormais vers moi de lui-même, tournoie, se roule au sol, jette ses jambes en l'air tout en arborant un sourire plutôt comique », écrit-elle.

Photographie de Robert I.M. Campbell, National Geographic Creative

Icône de la protection animale, Dian Fossey. Reconnue tardivement par ses pairs, cette scientifique engagée a consacré sa vie aux gorilles des montagnes rwandais, avant d'être tuée mystérieusement.

Une petite fille solitaire

Née en 1932 en Californie, Dian Fossey grandit avec un beau-père autoritaire. Enfant, à San Francisco, elle est obligée de prendre ses repas seule ; et se prend d’affection pour son unique compagnon à la maison : un poisson rouge.

Dian sait d’ores et déjà qu’elle vivra entourée d’animaux. Elle veut devenir vétérinaire mais rate ses examens de physique et chimie et se tourne vers l’ergothérapie.  

Pour son premier travail, elle est embauchée auprès d’enfants autistes. Elle déclarera plus tard que cette expérience l’a aidée à appréhender les gorilles des montagnes.

A 31 ans, Dian rêve de communiquer avec les animaux sauvages, et s’endette à hauteur d’un an de son salaire pour visiter l’Afrique. Sa rencontre avec les gorilles des montagnes la bouleverse. Déterminée à les revoir, elle décroche un emploi en 1961 et s’installe au Rwanda pour les étudier. Pour approcher les gorilles, la scientifique reproduit leur comportement. Elle marche à quatre pattes, grignote des plantes, apprend leurs cris, se gratte...

"La femme qui vit sans homme dans la forêt"

Dian Fossey est surnommée par les Rwandais Nyiramachabelli, soit : "La femme qui vit sans homme dans la forêt". Marie-Claude de Montjoye, professeure au Museum d'Histoire naturelle, se souvient de cette femme si particulière, sur le plateau d'Antenne 2 en 1985 : “Elle était proche d’eux, elle avait les mêmes gestuelles, les mêmes cris, elle était intégrée près des gros mâles, ce qui était difficile. [...] Il est certain qu’elle était retournée à l’état gorille si je puis dire. C’est à dire qu'indiscutablement elle avait de mauvais rapports avec une autre espèce : l’espèce humaine.”

Critiquée par une partie de la communauté scientifique pour son manque de distance critique avec son objet d’étude, elle ne renonce pas à sa proximité avec les primates, avec qui elle vit dorénavant. La chercheuse refuse d’utiliser des tranquillisants pour répertorier les gorilles. Elle réussit à les identifier par leur empreinte nasale, leur donne des noms, passe des heures en leur compagnie pour les observer, les étudier, les comprendre. 

Une scientifique enfin reconnue

Elle finit par gagner la reconnaissance de ses pairs en obtenant un doctorat en zoologie à l’université de Cambridge (Grande-Bretagne), à 42 ans. En janvier 1970, son portrait, photographié par Bob Campbell, paraît en couverture du National Geographic. Dian Fossey devient mondialement connue. Elle est l’une des figures de l’étude du comportement et de la psychologie des singes.

La scientifique utilise sa notoriété pour déconstruire les stéréotypes. Les gorilles ne sont pas les monstres dépeints dans les livres et au cinéma. Eric Baratay, historien des animaux, analyse l'impact de ce qu'elle a su introduire : “Ce retournement d’image est important car il va permettre de reconsidérer les animaux sauvages comme des êtres importants, pour lesquels on ne peut pas faire n’importe quoi. Dian Fossey et d’autres imposent de laisser les animaux vivre tels qu’ils sont parce qu’ils ont une sociabilité, ils ont une intelligence, ils ont une culture.” 

Gorilles dans la brume, son récit autobiographique, raconte ses treize ans de vie avec les primates. C'est un best-seller mondial. Le livre fait l’objet d’une adaptation cinématographique, avec Sigourney Weaver dans le rôle titre. Dian y alerte sur l'importance de la préservation des gorilles, au bord de l'extinction à l’époque.

La jeteuse de sorts contre les braconniers

La primatologue fait alors de la lutte contre les braconniers sa priorité, eux qui revendent les mains et les têtes des gorilles et capturent leurs bébés pour des particuliers. Elle engage une patrouille pour détruire les pièges, intimider et humilier les chasseurs. Elle joue sur leur peur de la magie noire, en leur jetant des sorts. Après avoir trouvé le corps mutilé de Digit, son gorille préféré, Dian Fossey intensifie ses actions et brûle des maisons. Elle écrit : « Je me sentais comme amputée d'une partie de moi ».

Braconniers empêchés de chasser, trafiquants d’or qu’elle menace de dénoncer, scientifiques voulant profiter de ses recherches, fonctionnaires rwandais pro-tourisme… Au fil de ses combats, elle se fait de nombreux ennemis. Dian Fossey est assassinée en 1985 à l’âge de 53 ans. Malgré les différentes pistes, son meurtre reste irrésolu. Elle est enterrée à côté de Digit, dans le cimetière des gorilles au Rwanda.  

Les dernières lignes de son journal sont : "Quand vous réalisez la valeur de toute vie, demeurez moins sur ce qui est passé et concentrez-vous davantage sur la préservation de l’avenir."

En 1967, Dian Fossey s'installe en République démocratique du Congo afin de débuter ses recherches sur les gorilles de montagne. Le conflit l'oblige à déménager à la frontière avec le Rwanda, où elle passera 18 ans à étudier les gorilles, à lutter contre les braconniers et à transformer les méthodes de sauvegarde.

Photographie de Robert I.M. Campbell, National Geographic Creative

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Pucker Puss et Coco ont été arrachés à leur famille afin d'être vendus au parc zoologique de Cologne. En très mauvaise santé, ils sont d'abord apportés à la scientifique afin d'être soignés. Une fois rétablis, ils sont transférés au zoo et ce en dépit des objections de Dian Fossey.

Photographie de Robert I.M. Campbell, National Geographic Creative

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L'habitat des gorilles était truffé de braconniers et de locaux qui peuplaient le parc à des fins illégales. Dian Fossey a mis un point d'honneur à les combattre. Ces éleveurs laissaient sans doute paître leurs vaches à l'intérieur du parc.

Photographie de Alan Root, National Geographic Creative

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L'approche active et pratique de Dian Fossey en matière de protection a transformé la façon dont ces primates menacés étaient perçus et traités.

Photographie de Robert I.M. Campbell, National Geographic Creative

Chaque famille de gorilles se voyait attribuer un numéro dans le cadre des recherches. Ci-dessus, Diane Fossey observe Rafiki, le gorille à dos argenté du groupe numéro huit.

Photographie de Robert I.M. Campbell, National Geographic Creative

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Au moment où Dian Fossey a commencé à étudier les gorilles, la perception collective de ces animaux comme violents et sauvages était très répandue. Son objectif était de changer cette image et elle y est parvenue par le biais des médias, notamment de National Geographic.

Photographie de Robert I.M. Campbell, National Geographic Creative

La scientifique joue avec Pucker Puss et Coco. 20 gorilles adultes de leur famille ont été abattus afin de capturer les deux petits.

Photographie de Robert I.M. Campbell, National Geographic Creative

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Après avoir imité les comportements et les habitudes des gorilles, notamment leur façon de manger et de se toiletter, Dian Fossey était très largement acceptée par les gorilles qu'elle étudiait. « Les réactions des gorilles étaient favorables, bien qu'il faille mettre de côté sa dignité pour ce genre de méthodes », a-t-elle écrit dans National Geographic.

Photographie de Peter G. Veit, National Geographic Creative

Dian Fossey prend des notes pendant qu'un gorille prénommé Peanuts s'approche d'elle à travers la jungle.

Photographie de Robert I.M. Campbell, National Geographic Creative

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Des chercheurs venus à Karisoke, le centre de recherche sur le terrain qu'elle avait établi au sein du parc national des volcans, ont vu en Dian Fossey une hôte revêche.

Photographie de Robert I.M. Campbell, National Geographic Creative

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La porte de la maison de la scientifique ouvrait sur la jungle du parc national des volcans, situé au Rwanda, alors l'un des pays les plus pauvres d'Afrique.

Photographie de Alan Root, National Geographic Creative

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Dian Fossey conservait de nombreux os et crânes de gorilles pour ses recherches et en a envoyé plusieurs à la Smithsonian Institution, une institution de recherche scientifique américaine. Si elle n'avait pas reçu de formation académique lorsqu'elle a débuté ses recherches, elle a obtenu par la suite un doctorat à l'université de Cambridge.

Photographie de Robert I.M. Campbell, National Geographic Creative

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La vie de Dian Fossey a été rythmée par la solitude, au cœur de la forêt, jusqu'à sa mort en 1985. D'après son portrait paru dans Vanity Fair, elle était connue sous le surnom de Nyiramacibili au Rwanda, « la femme qui vit seule au fond des bois ».

Photographie de Robert I.M. Campbell, National Geographic Creative

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Le récit à la première personne de Dian Fossey sur sa vie au milieu des gorilles de montagne a fait la une du numéro du mois de janvier 1970 de National Geographic.

Photographie de Robert I.M. Campbell, National Geographic Creative

Les archives de National Geographic prouvent combien Dian Fossey avait à cœur la défense des primates incompris.

Avant d'acquérir une notoriété internationale pour son engagement auprès des gorilles de montagne, Dian Fossey a lutté afin d'alerter sur la diminution de leur population.

Consciente que les gorilles étaient au bord de l'extinction, elle a adopté une approche audacieuse en matière de communication et de préservation qui en a froissé plus d'un, jusqu'à conduire vraisemblablement à son assassinat en 1985, à ce jour encore non résolu. Ce dévouement acharné a cependant contribué à redorer le blason des primates menacés. Aujourd'hui, des milliers de touristes visitent le Rwanda, l'Ouganda et la République démocratique du Congo pour pouvoir les admirer.

En 1969, la scientifique, alors âgée de 35 ans, avait reçu trois bourses de la National Geographic Society afin de mener des recherches sur ces mammifères furtifs. La rédaction du magazine a alors décidé de rendre compte de ses découvertes et s'est rapidement rendu compte que la scientifique ne craignait pas d'enfreindre la loi pour protéger les gorilles.

Le 1er juin 1969, une lettre écrite par Dian Fossey parvient au siège de National Geographic, situé à Washington, et s'ajoute aux centaines de pages de correspondance et d'écrits d'observation qui peuplent une étagère des archives de la National Geographic Society. Cette lettre est adressée à W. Allan Royce, un illustrateur ayant envoyé une ébauche de ses illustrations pour l'article, et est cinglante.

Elle écrit : « Mes premières réactions à l'égard de ce crétin ont été de saluer le "N'est pas destiné à la publication" qui orne les diapositives des deux croquis et de souligner le mot "brouillon" figurant sur la première page ».

La façon dont les gorilles étaient dépeints la rendait malade, écrivait-elle dans une autre lettre adressée à un rédacteur. « Veuillez ne pas dénigrer cet animal ». Les illustrations, qui ont depuis été perdues, auraient représenté un gorille en train d'attaquer la scientifique, accompagnées d'une légende les qualifiant de « sauvages ». Cet incident ne s'est produit qu'une seule fois au cours de plus de deux mille heures d'observation passées à leurs côtés, souligne-t-elle.

« L'objectif de l'esquisse était de montrer qu'au-delà du comportement des gorilles, votre travail n'est pas sans danger pour votre vie », la rassure W. Allan Royce.

Les problèmes liés au numéro de janvier 1970 de National Geographic, qui se sont soldés par Dian Fossey en couverture, ne faisaient que commencer. Deux mois après la première controverse au sujet des images, un rédacteur du nom de RL Conly a parcouru le récit de Dian Fossey et écrit une critique virulente : « L'auteure nous fait part d'un récit décousu fait d'aventures plutôt étranges à travers les montagnes des Virunga », écrit-il. « Sa maison prend feu. Elle kidnappe un enfant autochtone. Le père du petit lui vole son chien. Elle tient en guise de rançon le bétail d'un autre habitant local (pour qu'on lui rende son chien). Elle porte un masque d'Halloween afin d'effrayer les populations autochtones, puisqu'elles dérangent ses gorilles. »

Les observations scientifiques de Dian Fossey ne figuraient pas dans ses récits et le rédacteur craignait qu'elle ne soit comparée de manière négative à Jane Goodall et à ses célèbres articles portant sur les recherches menées sur les chimpanzés à Gombe, en Tanzanie. La scientifique a donc troqué ses récits d'aventures ponctuelles contre des recherches et des observations. Quant au département dédié aux illustrations de National Geographic, il a fait effacer le mot "sauvage" des pages de la maquette.

À l'époque où la scientifique mit en place son centre de recherche à Karisoke, au cœur de l'actuel parc national des volcans du Rwanda, des décennies de braconnage ont laissé de lourdes séquelles. Elle craignait que les gorilles ne disparaissent au cours des 30 années suivantes si rien n'était fait pour les protéger et assumait la responsabilité d'être à la fois protectrice, porte-parole et détective. Lors de leurs patrouilles quotidiennes au sein du parc, son équipe de recherche et elle ramassaient des centaines de pièges à barbelés déposés par des braconniers afin de piéger les gorilles et de vendre des parties de leur corps ainsi que leurs petits.

La scientifique se souciait moins des humains. Le traitement qu'elle réservait aux Rwandais était souvent offensant. Dans ses lettres, elle surnommait parfois les membres de son équipe de recherche et le personnel du parc « mes Africains ». Son journal de bord et ses lettres retranscrivent la colère qu'elle ressentait à l'encontre du personnel peu formé et souvent corrompu. Au sein d'une lettre adressée à un chercheur de National Geographic, elle écrivit : « Le terme de "Service des parcs" est un peu fleuri et élogieux pour décrire les services de six alcooliques chroniques vêtus de guenilles, qui tentent péniblement de faire office de gardes dans la région ». Le gouvernement ne payait parfois pas les gardes-forestiers pendant plusieurs mois. Ils acceptaient donc les pots-de-vin des braconniers en échange d'un accès au parc, voire leur vendaient leurs armes.

En 1968, alors que Dian Fossey installe son centre de recherche, le président de la Commission internationale des parcs nationaux visite l'habitat des gorilles et rédige un bien mauvais rapport. Le parc national d'Albert (nom datant de l'époque coloniale attribué à l'aire de répartition toute entière) avait été créé en 1925 afin de « protéger les gorilles ». Or, sa mission avait échoué. Le rapport décrit des parties de chasse organisées comme activités sportives, un poste de gardes-forestiers pillé ainsi qu'un manque cruel de matériel : « Les tentes, ceintures de sécurité de secours, molletières, chaussures, sacs à dos, casquettes et badges étaient épuisés ».

Faute de gardes-forestiers efficaces, Dian Fossey mena l'enquête elle-même. Elle remarque que les cartouches étaient soigneusement retirées des scènes de meurtres des gorilles, empêchant ainsi de remonter jusqu'à l'arme du crime. « Émerge alors la possibilité que l'arme utilisée dans le meurtre est une arme connue, peut-être "empruntée" aux gardes du parc ? », écrit-elle.

Lors d'une discussion en 1978 avec le directeur du parc, on lui expliqua que ce dernier n'avait pas le pouvoir de repousser les camps de braconniers à l'extérieur des frontières du parc ou de leur tirer dessus à l'intérieur du parc. En réponse, elle proposa que lui et ses adjoints soient licenciés.

La frustration n'a cependant pas une place prédominante dans ses carnets de bord. Ses rapports quotidiens sont enrichis de recherches capitales. Une note rédigée en 1971 et intitulée « l'épisode du miroir » décrit son gorille préféré, un jeune mâle prénommé Digit, en train de se contempler dans un miroir : « Il s'est mis à hocher la tête d'avant en arrière à la manière d'un adolescent se préparant pour le bal ». Six ans plus tard, lorsque Digit est assassiné par des braconniers, il devient la mascotte de la campagne mondiale de sensibilisation à la protection des gorilles de Dian Fossey. Elle fonde le Digit Fund, devenu aujourd'hui le Dian Fossey Gorilla Fund, qui poursuit les efforts de sauvegarde initiés par la scientifique.

En 1980, les visites de touristes venus observer les gorilles augmentent de 130 %. Il y a alors quatre guides spécialistes des gorilles qui travaillent depuis une nouvelle base et sont équipés de nouveaux uniformes et de radios. « Pour la première fois, les recettes du parc national des volcans dépassent les dépenses liées à la gestion du parc », déclare un rapport.

Deux ans plus tard, Dian Fossey décrit un braconnier pris en flagrant délit alors qu'il tentait de faire sortir clandestinement du parc un bébé gorille âgé d'un mois. Pour la première fois, un garde-forestier tire et tue l'un d'entre eux. Le type de protection active pour lequel la scientifique militait voit enfin le jour.

En 1986, un an après l'assassinat de Dian Fossey, 280 gorilles de montagne peuplaient l'aire de répartition qui s'étendait entre le Rwanda, l'Ouganda et la République démocratique du Congo. Ils sont aujourd'hui au nombre de 880 et leur population ne cesse d'augmenter. Les trois parcs emploient toujours des méthodes de protection agressives. Si le Rwanda était l'un des pays les plus pauvres d'Afrique à l'époque où la scientifique y travaillait, il est depuis devenu l'un des exemples de réussite économique les plus frappants du continent. Les gorilles continuent d'être protégés et le pays attend en contrepartie 444 millions de dollars de revenus liés au tourisme cette année.

Le Rwanda de "Gorilles dans la brume"

Dans le nord du Rwanda, les sommets de la chaine du Virunga surgissent au milieu de la jungle tropicale. Ici vivent les derniers représentants des gorilles des montagnes. Dans les années 60, la primatologue, Dian Fossey décide de vivre à leur contact dans ces forêts nimbées de lumière. L'Américaine tire de cette immersion un ouvrage adapté au cinéma, "Gorilles dans la brume".

La tombe de Dian Fossey à côté de la tombe de chiffres, gorille de montagne grave yard Karisoke,
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Dian Fossey fut enterrée près de la cabane où elle a vécu tant d´années de luttes et de joie, dans un champ où gisent des gorilles assassinés, dont Digit.

 

L´assassinat de Dian Fossey fut la preuve de la haine portée aux femmes qui n´acceptent pas les règles du mâle, qui installent le désordre dans l´ordre patriarcal. Empêcher les gains frauduleux, parer à l´occupation anarchique des terres, s´interposer contre le massacre des espèces, mérite apparemment la peine de mort, surtout pour une femme. Dian a trop dérangé : il y avait trop d´intérêts en jeu, trop d´argent à gagner, avec le massacre des animaux.

Elle fut frappée à la tête et au visage, à coups de machette. Sa cabane était en désordre, mais rien n´avait été volé, ni documents, ni argent.

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Le responsable du meurtre de l'amie des gorilles écroué

Le 28 juillet 2001

IL SE CACHAIT parmi des réfugiés africains rassemblés dans un centre d'accueil de l'aéroport de Bruxelles : Protais Zigiranyirazo, un Rwandais suspecté d'être le commanditaire du meurtre de la célèbre primatologue américaine Diane Fossey, assassinée le 26 décembre 1985, a été arrêté hier et placé sous mandat de dépôt. Il était arrivé à Bruxelles il y a un mois, porteur d'un faux passeport. Recherché par le Tribunal pénal international (TPI) d'Arusha (Tanzanie), qui juge les organisateurs du génocide rwandais, ce proche avait réussi à échapper jusqu'à hier aux contrôles policiers. Mais une dénonciation, parvenue au juge d'instruction Damien Vandermeersch, a débouché sur son incarcération à la prison de Forest à Bruxelles. Il y sera interrogé par les agents du FBI (la police fédérale américaine), qui enquêtent depuis quinze ans sur la mort de la scientifique dont le personnage, interprété par Sigourney Weaver, a été magnifié à l'écran dans le film « Gorilles dans la brume ».

Il aurait participé au génocide rwandais

Quinze ans après sa mort, le meurtre de Diane Fossey demeure un mystère. L'amie des « grands singes » du Parc national des volcans avait établi son campement de recherche, le Karisoke, dès 1967, à la frontière congolaise. Les images de ses étonnantes études des gorilles sont demeurées célèbres. En 1970, elle établit ainsi le premier contact amical jamais recensé avec un gorille des montagnes : Peanuts, un mâle de trois cents kilos, lui effleure la main. Quelques années plus tard, Diane Fossey accède à la renommée lorsqu'elle dénonce dans les colonnes du « National Geographic » le meurtre d'un de ses protégés, le gorille Digit, massacré par des braconniers avides de peaux, de viande, mais surtout de trophées. Le coup de colère de Diane Fossey la propulse au pinacle de la lutte pour la protection des espèces sauvages menacées. Le 26 décembre 1985, son corps, frappé mortellement de six coups de machette, est retrouvé près de son campement. Très vite, les soupçons se dirigent vers Protais Zigiranyirazo, le préfet de Ruhengeri, qui est soupçonné d'être l'organisateur de trafics d'or, de diamants et de dépouilles de gorilles. Des témoins l'ont désigné comme le commanditaire de l'assassinat de Diane Fossey, qui avait eu le tort d'attirer l'attention du monde sur cette région du Nord-Rwanda, livrée au pillage écologique. L'histoire a rattrapé le préfet de Ruhengeri : c'est pour sa participation présumée au génocide de 1994 qu'il a été arrêté.

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Les femmes d´aventure ne trouvent pas toutes la mort, dans la mesure où elles ne dérangent pas trop les pouvoirs patriarcaux. Le féminicide est la punition des femmes et des féministes qui s´insurgent contre le patriarcat dans tous les domaines de la vie.

Dian Fossey, femme d´aventure, de caractère, d´opinion, de lutte, son héritage reste dans la forêt des gorilles des montagnes, dans la brume et le froid, où ils gambadent et vivent leur vie en liberté.

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